« On a beau tout prévoir, tout planifier, si nous ne sommes pas dans un bon jour, il est difficile d’accepter que tout le travail effectué ne sera pas complètement bonifié. J’ai rapidement senti que les sensations ne seraient pas les meilleures sur cet exigeant parcours du marathon de Barcelone. Il fait chaud, 22 degrés sur la ligne d’arrivée, avec une prépa effectuée dans le froid et parfois même la neige. Cela n’explique cependant pas mon manque de jambes.

Lorsque ces situations se présentent, dans l’interminable faux plat montant de la Méridiana, au km 16, on se demande s’il ne vaudrait pas mieux s’arrêter. Mais on repense aux heures d’entraînement, aux raisons qui nous font aimer ce sport et cette distance, à la chance que l’on a d’être en bonne santé et de pouvoir courir et tout redevient plus simple. Les proches, le club, le soutien de plus en plus important que je reçois et les pensées pour les absents qui ne pourront plus courir. Alors il est temps de ne plus réfléchir et d’avancer, l’allure prévue de 3’43/km deviendra 3’46/km, mais je ne m’en rendrai même pas compte. J’ai débranché depuis longtemps, au km 28 environ et puis dans ces 14 derniers km, il y a des regards, avec Fred, qui l’a échappé belle cet hiver. Il y a des mots, d’un Vincent toujours plus parfait à mes côtés, alors j’avance, j’accélère même, je ramasse quelques guerriers affaiblis et je les encourage d’une tape dans le dos. Je ne suis pas dupe, l’an dernier, j’étais à leur place, à subir la loi du marathon. Alors je n’ai pas atteint mon objectif des 2h38, mais j’ai dompté les crampes et j’ai décidé d’avancer, pour moi et pour tous ceux qui me donnent de la force, ou m’en ont donné 

À bientôt 42.195km 

Guillaume »